01 juillet 2007

Début d'été

Studieux. Je délaisse la photographie un moment (prochaines échéances fin de l'année 2007 pour diverses expositions) pour me pencher et achever (enfin !) mon premier livre.

En chemin, au fil des lectures successives, quelques "programmes courts" :
- "Phrase-verbe ; à la manière de"
- "Mère Nature et Dame Solitude"
- "Le Radeau de la Méduse"

Bonnes lectures, bon été !

« Phrase-verbe » ; à la manière de Nicolas Pages, essai

6h30, nuit agitée, le réveil sonne, deux fois, trois fois, je l'éteinds, me recouche, fixe l'heure, referme les yeux, deux fois, trois fois, les rouvrent : 7h30, je me lève, les yeux collés, pied droit puis pied gauche, E. dort encore, je ne la réveille pas, je lui caresse les cheveux, zappe la douche, enfile le couloir, arrive à la cuisine, le salon dort encore, fait fonctionner la Senseo, le frigidaire est vide, les placards aussi, je me roule un clope, bois mon expresso, regarde dans le flou, pense à E., le mégot se finit seul, je suis en retard, je m'habille vite, descend les escaliers, évite les merdes de M. dans le hall, traverse l'allée, rejoint ma voiture, roule un clope, commence à le fumer, à 13km du boulot, dans 10mn j'y suis.

7h45, j'enfile mon uniforme, prends ma première course, la termine, enfile sur une autre, puis une autre, la matinée suit son cours, 13h pause déjeuner, jambon-beurre-tomate-emmental, une eau minérale, café soluble, clope, j'allume la radio, 13h30 je renchaîne sur l'après-midi, sieste au volant, ou presque, le train-train habituel, 18h débauche, pointage, je rentre, 13km, 15mn, du trafic sur la nationale, des poids lourds.


18h15, E. n'est pas là. B,T et M m'accueillent, je m'assieds, canapé-télé, un bourbon, de la glace pilée, un pétard, un stick pour commencer, E. n'est toujours pas là, je l'appelle, elle ne répond pas, un autre stick, un gin ; puis deux, un clope, au tube, B. et T. sont affamés, je les nourris, je rappelle E., sa boîte vocale, énervement, je sors, je promène M., il est heureux, moi aussi.

« Mère Nature et Dame Solitude »

Une bien belle journée se vide de son contenu, comme la bouteille de Lopez Jimenez, grand cru classé de 1999, ramenée lors d'une expédition dans le Nord de l'Andalousie.

Il est tout juste 18h. Un dimanche, comme tant d'autres. Le creux à combler de ces journées mornes, dans l'attente des trépidations rassurantes de la semaine, se fait sentir.

Et pourtant la rencontre ne date pas d'aujourd'hui.
C'est hier, hier que j'ai pu la revoir, elle, cette vieille amie.

On doit beaucoup aux retombées du vendredi soir et de cette large nuit de sommeil récupérateur et bienfaisant. Un vide mais plein d'espoir. A l'inverse de ce soir.

Je l'ai découverte sous un angle bien neuf ; cette Dame de compagnie qui toujours nous suit : la solitude.

Il n'y a pas à la craindre, la maudire; tout au plus tenter de l'éloigner ou la dissimuler. Mais elle n'est pas dupe . Elle sait (elle) qu'elle sera toujours à vos côtés. De vos débuts à votre fin . Il est vain de vouloir s'écarter de sa volonté ; car elle vous revient chaque fois plus aigrie et déterminée que jamais.

Alors à mon réveil de mon samedi je m'en suis accomodé. Je n'ai de cesse de ne vouloir q'une chose ; à défaut de journées parfois agitées comme pour la contenir, à n'en vouloir de même pour les soirées et les nuits.

D'ailleurs mornes et sans consistances, seul ; entre écriture, lecture, peinture, etc ; ou tout autre invective égoîste, émanente de cette volonté d'unicité, dans ce seul but de se vouloir accompli, de voir s'affirmer notre 'personnalité', notre être, dans la non-acceptation de ce qui nous caractérise pour le partage, l'échange et le flux des sens sous perturbation (l'autre).

Bien seul dans cette légéreté de l'espace, tout est bien plus commode sans l'affront d'un tiers. Ne vous méprenez pas; Dame Solitude nous guette, nous défie, et bien plus que lorsque nous ne sommes pas seuls. Aux côtés de toute autre créature, votre indivualité s'estompe, de même pour votre destinataire. Cela rassure : l'oubli par projection. Vous ne serez plus tout à fait vous mais tout autant seul.

Manipulatrice Dame Existence.

« Radeau de la méduse »

Jeunes corps vifs étendus,
Décor parfait.
Et de n'être plus qu'un miroir dépoli;
Penser par flash. Se projeter.
Se plaire à la contemplation?

Légèreté de l'être.
Colorisation à l'extrême.
Effilochement de l'âme, squames hautaines.

Imperfection(s) à la production saine et qualitative,
Propice au déhanchement, à l'échappatoire de la commune condition.
La vie normale, acceptable ou non ?

Contrainte minimale à s'absoudre,
Ne plus être soi,
S'oublier par projection,
Planter le décor, n'être plus qu'une marionnette,
Le naturel au dedans.

Ne pas accepter de ne plus souffrir.
Ne pas s'atteler à ne faire qu'une chose et la tenir.

Réminiscence... Un parmi des millions.
Un instant ; ... parmi ces milliers d'Adam et Eve.
Course(s) simultanée(s) ; en quart de temps univoques et successifs ;
Voire plus ; au quantième à définir.

Qui y parviendra le premier ?
Quel chemin pour quel dessein ?
Un engagement pour combien de déniement ?

« ... J'ai failli mourir de ne pas l'avoir eue... »

Joute incantatoire sur cet indiscible radeau de la méduse !

Mélomane des mots
Jusqu'à la redondance
De ces phases,
Injonchables, inabouties ; alliées de ce devenir démesuré
Donc mort-né.

Jeu à la « Pom C » : un profil dressé.
Stressé, oubliant l'essentiel, se le répétant sans cesse.

« Au delà de nos oripeaux,
Crois tu que nos maux soient morts ?
Ce serait rigolo »

Instigateur d'une poésie contemporaine ?

-Pour toutes ces pensées qui ne tiennent pas sur vos portées -

A le clamser, dans l'emprunt, l'inusité ou le galvaudé,
A cette envie de vouloir (tout) se réapproprier,
Ingurgiter, le saisir de nos sens, se défaire de la doxa.
Portant à croire que rien n'est hors-de-portée,
Mais tout au seuil de nos libertés.

Pour l'érudition contrite, le maigre de notre connaissance,
Contre son accumulation et sa déviance.

Obscur et clair combat,
Regarde-la, fixe-la.

Tu ne t'en détacheras pas, tu ne t'en éloigneras pas,
Par étape amorcée, gap à combler :
Inutilité.
Par l'expérience, la force de l'âge,
De la prochaine à la précédente :
Inutilité.

Satisfait toi de n'être plus que ça,
D'en porter les exactions que d'aucun ne veulent voir ,
Ou même percevoir.

De peur de quitter et perdre à tout jamais :
Ce radeau

Loin de tes congénères,
Loin de l'Arche, loin du radeau, loin des jardins suspendus,
Loin de l'iconoclasme religieux,
Loin de tout cela.

Défais et refait ?
Donne tort à raison ?

Qu'un jour tu puisses dire :
« J'ai pris conscience de cette réalité »