26 février 2007

Fauteuil d'orchestre

« Culotté à mort
Détesté à tort
Statique ; à développer nos anticorps »

Relans névrotiques...
Poussée épistolaire – rires

Approche analytique – La méthode

Compréhension du mouvement ; préférence pour l'immobilité ; l'inanisme des cieux qui toujours de leur coupole nous abritent et habitent ; de leur quiétude, son inverse.

Pourtant rien ne bouge ; « Septembre en attendant » ; et ce « Bouquet de nerfs »

Fusion spirituelle ; pour quelle carnalité ? Faut il en chercher ou se défaire de cette « association platonienne » ? Ou combler – par autopersuasion – tous ces petits trous par iconoclasme ludique ? La tromperie en chacun de nous ; pourquoi s'évertuer à parler ; poser des mots – au delà d'une réthorique bien précise ; rien ne change vraiment

« Septembre, en attendant »

Maintenir dans l'homicide, c'est vivre.

Appel à cet angélisme ou rien ne meurt vraiment. Incertitude. Vanité.
Sous nos chapiteaux; nos arcanes se destructurent à mesure que ce grand tout, ce spectacle, cette représentation avance et tente de s'en échapper.

Brûle Babylone, brûle !

La trame s'effiloche.

Plus que du noir dans ma palette ; je peux gouacher quoi au juste ?

Baudrillard, Rey, BukowSKY. Par identification ; jalonnement ; enfouissement ; dégagement.
Désirez, surprenez, violez. Vos cadavres. A Paris ou non. Peu importe votre « cocktail », votre délivrance.

Pêché à demi-induit, déjà pardonné ?
Tout passera, tout s'oubliera, tout adviendra que pourri.

De trop parler (nuit), de trop partager (cuit), de ces affres désordonnés de l'esprit (à chat sourit)

(...)

Ménagerie trop bruyante.

Nabil ; ce fauteuil d'orchestre ; c'est pour quand ?

23 février 2007

Milan Kundera, La plaisanterie, extraits choisis

« Oui, j’y voyais clair soudain : la plupart des gens s’adonnent au mirage d’une double croyance : ils croient à la pérennité de la mémoire (des hommes, des choses, des actes, des nations) et à la possibilité de réparer (des actes, des erreurs, des péchés, des torts). L’une est aussi fausse que l’autre. La vérité se situe juste à l’opposé : tout sera oublié et rien ne sera réparé. Le rôle de la réparation (et par la vengeance et par le pardon) sera tenu par l’oubli. Personne de réparera les torts commis, mais tous les torts seront oubliés »

« La machinerie psychique et physiologique de l’amour est si compliquée qu’à une certaine période de la vie le jeune homme doit se concentrer presque exclusivement sur sa seule maîtrise, si bien que lui échappe l’objet même de l’amour : la femme qu’il aime.

(…)

Pour faire pièce à cet embarras et à cette maladresse, je prenais avec Marketa des airs supérieurs : je m’évertuais à la contredire ou, carrément, à me moquer de toutes ses opinions, ce qui n’était pas bien difficile, car malgré son talent, c’était une fille innocemment candide ; toujours incapable de regarder au-delà d’une chose, elle ne voyait que cette chose elle-même (…) »

« J’étais malheureux comme seul peut être malheureux un garçon de vingt ans quand il n’a pas de femme ; garçon encore passablement timide, qui n’avait connu l’amour physique que peu de fois, au vol et imparfaitement, et qui, cependant, n’arrêter pas de s’en tourmenter l’esprit. Les jours étaient insupportablement longs et vains ; je ne pouvais pas lire, je ne pouvais pas travailler, trois fois par jour j’allais au cinéma, coup sur coup à toutes les séances, en matinée, en soirée, uniquement afin de tuer le temps, pour assourdir le hululement continu de chat-huant qu’émettait mon être profond. »

18 février 2007

Nabil en vacances

Bordel ambiant... Comment faire ? Comment faire pour s'en défaire ?
Nabil. Ce jeu de piste... Mémoire courte car offensée ; les signes n'ont plus d'intérêt.
Rattaché aux instants du passé plus qu'aux personnes ?

Mange donc ton sandwich et n'en laisse pas une miette. Après tout qu'importe cette pluralité ; cette progression par éparpillement.
Sous tant d'effort la machine chancèle...

[...]

Dehors il y avait du soleil, un grand et beau soleil. Invincible. Invisible. On n'y fait guère attention de coutume, ou dès lors pointant son nez suite à ces jours pluvieux, gris ; comme pour nous rappeler à lui.

Le feuillage, jaunissant - assurant son entre-saison -, s'inclinait paisiblement vers la fenêtre à peine entrouverte.

« De cette fenêtre nous parvenait un écho qui en ces lieux paraissait irréel... »

Quête de priorité, en recherche ; chemin faisant. L'ennui le berce. Entre clopes, cafés, sandwich Daunat, servilités et nuits blanches. Le vent souffle, la tempête fait rage.

A ces longues heures perdues sur sa chaise longue ; à attendre. A distendre. A se méprendre. Dans l'expectative d'une ambition toute personnelle et révélatrice.

En projection : sable chaud, soleil au zénith et qui sait des palourdes. C'est vachement rare des palourdes. Et cette jeune femme dans son sémillant maillot de bain, vue plongeante sur ses attributs mammaires.

Ses amis. Jeux de plage. Vague à l'âme. A fixer cet horizon les pieds dans le sable. Face à la mer. A cet horizon sans fin, à son avenir sans avenir. Même avec elle. Même sans elle. A s'en être écorché les pognes, cette balnéo ne suffit pas. Ce retour à l'essentiel, au farniente, au matage de cul, à la baise sans nom. À tous nos instincts réveillés, exprimés, latents durant ces 47semaines de dur labeur. Et des cinq dernières : RIEN. Elles nous vident ; de toutes nos espérances qui se gonflent au cours de l'année. Et le cirque reprend. L'horizon est derrière lui ; d'ailleurs peu importe où il se trouve ; ils sont sur le chemin du retour. Du sable dans les orteils, oreilles, caleçons et bas de caisse. Dans quelques jours plus aucune trace de cette échappée foirée.

Agitez-vous !

[...]

Retour à domicile.
L'automne pointe son nez ; et l'audacieuse luminosité céleste s'évertue en ses derniers éclats.
ELLE ne jette pas les armes. Et pourtant bientôt tout sera sombre ; dans l'ombre, dans un dernier soupir,

Nabil écrira niaiseries sur niaiseries :

« Eté 200x, bercé par le souffle gris des alizés de Marennes ; l'âme en peine
Désirs rongés, autrefois Vizir, cette nuit simple écuyer
(Dis moi que tu m'aimes)
Gorge nouée, mots saccadés, libère moi de ces affres désordonnés
(Dis moi que tu m'aimes)
Accomode moi de douce quiétude ; sans mot dire
Tumultes et remous, écarte les – ô ma Reine
Cascades de volupté, de ces bains foisonnants d'arrogance et de cynisme,
Epargne m'en
(Dis moi que tu m'aimes)
Accorde ma présence près de ton isthme
De ces valeurs communes et funestes
Fuyons les comme la peste
Laisse nous ; laisse nous cette chance
(Dis moi que tu m'aimes)
Sur ce bout de terre y construire
Futur plus beau et royaume (même irréel !) de nos châteaux de sable
(Dis moi que tu m'aimes)
Fulgurance, mille folies et fantaisies fleuriront
Et pour cela y couleront autant de larmes et de sueurs
Pour que s'y adjoignent à nos milles collines et versants de ce royaume notre amour
Mon âme souffre et n'ose pas ; te dire qu'elle t'aime ma Reine
A m'en briser les tympans ! »

La poitrine en deuil, l'âme esseulée, les courants d'air auront bientôt la froideur de cet être.

En complète autarcie. Vivant de lui même par et pour lui même. Dans l'attente de cette jeune femme de noir vêtue. Le moteur de chaque existence ; dès lors que l'on en prend conscience.

Il se plaisait à se l'imaginer ; après l'avoir tant redoutée, il s'était dit qu'il l'accueillerait à bras ouverts ; le sourire en coin. Sa morbidité l''avait écarté de tout sens réel.

N'ayant plus goût pour rien il s'en fixa. Il se plongea. D'abord dans cette énorme tâche qu'est celle de ne rien faire. Avec l'engagement qu'on lui connait. On l'avait fait Homme et tentait d'en comprendre les éléments de sa constitution (déficiente ?) ; dont il se tenait pour assez éloigné – selon lui.

De son éloquence à ne rien faire et à son engagement dans cette activité des plus prenante, usante, débordante, exclusive – depuis quelques années déjà - il se fit l'écho d'un lecteur acharné.

Jonchage vaniteux de livres de poche glanés au fil de brocantes d'automne, d'hiver ; et de ces autres saisons. Au nombre égal de ces sorties à l'année sur le monde extérieur.

Quelques âmes égarées s'étaient aventurées à partager la contemplation de ce spectacle. Elles s'y laissaient surprendre par ce minimalisme.

Un lit, une table d'appoint (depuis peu) ; placés en deux coins opposés de la pièce laissant une place de choix à cette étagère (vide) plaquée sur le mur face à la fenêtre . Son linge et autres commodités de la vie quotidienne se laissaient choire à même le sol, comme tout le reste. Le personnage, ses affaires personnelles. L'étagère prenait place « au cas où » ; « au cas où » d'une envie subite et désordonnée d'ordre.

Le fatras incommensurable qui régnait dans ce studio à demi-éclairé contrastait avec l'allure du bientôt trentenaire résidant dans ces lieux.

Propre, rasé de près, avenant et toujours souriant. Pour le peu de gens qu'il croisait, il mesurait chaque effort de bienséance. Pour les autres tout autant que pour lui. Se souhaitant une bonne journée au matin ; une bonne nuit au soir. Etrange personnage. Icônoclasque ?

Mué par des habitudes bien réglées et rassurantes, l'air saturé de la pièce -- pour peu qu'il en restait encore de respirable - s'échappait mollement de par notre fenêtre entrouverte. Il se sentait bien lui aussi dans ces lieux.

Bien loin d'une « valse aux adieux » et toutes ces fables sur l'Homme ; Jouvence prenait forme.

Aquarelliste sans talent ; photographe miteux et tout autant de médiocrité dans ses écrits. (en marge sur les bouquins qu'il dévorait) ; il s'interrogeait sur ses rancoeurs inassouvies, de ses soulagements par la caricature, des ponts techniques narratifs ; de ce jeu de découpage et de ciselage de mots et d'expressions ; de ses courtes nouvelles par association d'idées sans cohérence ni progression.

De la soupe. D'ailleurs l'écriture ne l'intéressait pas vraiment ; seule la tromperie comptait.

« Automate moelleux fourni par la nature » pour recevoir des coups de pied de ce cercle d'initiés, d'avertis reconvertis en critiques littéraires. Ses bouquins se vendaient bien. Et il ne l'expliquait même pas. De cette rupture et déchirure de ses congénères il en obtenait tout le contraire de ses derniers.

[...]

Par une nuit calme, sur les rebords d'un pont, les remous de l'eau, ses clapotis à son oreille ; à contempler ce vide entre lui, le parapet et cette eau ; de son amont poussait son aval. Foutu fleuve. Pour l'avoir contempler des nuits durant de sa fenêtre, Nabil s'y était aventuré. Comme pour contenir certaines pulsions.Ses yeux se ferment, la fatigue le laisse divaguer.

Mise en situation. Jet stylistique...

11 février 2007

Courte correspondance. Exercice comparatif.

Pièce après pièce, « Fine art » for Issue(s)

La scène se déroule dans une spacieuse cahute tout de béton vêtue, perdue en pleine campagne. Pouziou-La-Jarrie : 367 habitants pour son double de désespérance en barre ; là où se croisent sans jamais s’y mêler des existences des plus fastes et vertueuses.

Orientée plein sud celle-là même où se place de notre verrière notre participant à cette trame sans commune mesure (notre héros !) ; debout, le cœur saillant, l’esprit « aux quatre vents », ses épis en direction de cette foultitude de constrictions primairement polies, sagement placées, répertoriées, indexées .

Cycliquement cette « abondance structuraliste » devient le désordre le plus précieux qui soit.

Que l’on s’entende bien, ce jeune homme accoudé à notre balconnet fictif, en deçà du plus bel horizon dégagé de sa vue perçante, se fait le reflet de plus d’entre nous.

Béat, perplexe. Au devant de cette femme d’un minois des plus enchanteurs, d’une allure évocatrice, le bruit ambiant paradoxalement berçant. Venu dîner avec des amis ce soir là, l’axiome mémoire se déclenche alors. Toute agitation ne semblant pouvoir le perturber, il est dans le doute, ne dis rien, le regard hagard, la pensée absorbée par « on ne sait quoi ». Caucase à ses pieds. « Ma mère m’avait dit Pégase, l’amour ce n’est que du gaz »

Eloigné, détaché de tout sauf de son regard.

Altérant sa conscience ; l’intelligibilité, l’attention nécessaire pour se faire le destinataire du message lancé maintes et maintes fois par ce fantôme séducteur ; au demeurant sans réponse :

« Un café pour terminer le repas ? »

[…] Il se lance alors dans une construction des plus abstraites qu’il soit ; ou que d’aucun ne voudrait qu’elle soit. Il s’agite dans cette « déconstruction par anticipation ». Ce qui le meut jour après jour, lui, ce joyau si précieux (individu « témoin », mais classieux) de nos communautés sociologiques de « l’anticipation pour la compréhension » ; ou cet anti-témoin d’y porter toute attention à ce dessein ; pour s’en défaire de l’ intérieur.

L’anticipation, la projection (NDLR : cet horizon dégagé de notre verrière) le pourrit.

Il crie famine de cette quotidienneté assumée (mais non revendiquée) ; dans ses élans de morosité.

« Travail, famille, patrie » Ou de bâtir son rêve d’argent, que chaque « monument » se fasse pierre après pierre. Il s’en défend ! Il n’a rien de tout ça ; « utilité sociale », socle affectif familial par antériorité (ses parents, frères, sœurs, etc), par « postérité » (femme, enfants, …), son 1000, 2000, 3000 net chaque mois (par simple opportunisme), ses « quatre murs et son toit autour », les cris, pleurs de sa descendance et de « l’autre » dont ils sont issus ; tout comme ses chiens, ses chats (on ne connaît pas leur provenance exacte) qui se débattent joyeusement dans cette cour et ce bout de gazon fraîchement coupé. Il ne porte rien de tout ça en lui.

Et tout cet alcool. Ces whiskys, ce(s) kir(s) (à vrai dire il ne s’en souvient plus vraiment) ; ces vins blancs, rouges, bleus,etc On en oublie les couleurs à fixer les mires.

Nabil n’est pas cet homme ; Nabil n’est pas l’homme de cette femme qui se tient devant lui, une tasse à la main, clope au bec. Elle s’occupe parfaitement de ses invités. Elle et son mari.

Ses convives vivent en campagne, ils préfèrent la campagne. Pour se détacher du bruit, du stress et de la doxa de la très proche agglomération (ou considérée comme telle). Où se concentrent activités sociales, utiles, révélatrices, épanouissantes (ou l’inverse pour d’autres ; par force ou faiblesse d’esprit de s’y accommoder ou de s’en défaire).

Bref la ville, la grosse (dans le contexte). Et tout ça ; ces 110m2 de surface habitacle (4m2 pour notre verrière à fonction de loggia ; elle aussi s’acclimate de ce que l’on lui donne), ces quelques hectares de terrain ou s’éparpillent les déjections de leurs chers et tendres compagnons de « domestication infortune » (et cette obsession de la hauteur raisonnable du gazon, de l’entrelacement parfait de cette linéarité de végétaux pour le contenir ; et d’autres menus détails d’une vie propre, soignée, rangée)

Toute cette projection. De ces idéaux pour s’éloigner du bas… porteurs mais inatteignables. Alors de cette composition, de cet arrangement avec soi même, de droite, de gauche et même du milieu (le discours politique dans sa caractérisation la plus frappante ; non dissocié du pouvoir) Nabil ne l’a jamais admise.

Compromis parfois à retoucher terre en s’immergeant dans ce monde implacablement et froidement matériel ; dans la production, le renie de soi (de par cette acceptation inopinée mais forcée, l’individu s’oublie). Compromis car perdu, incompris, seul, étriqué. Et sa « vision » de même.

Pour autant rien ne le distingue vraiment de sa compagnie.

Seulement de cet « opportunisme » orienté, lui s’enfonce dans son fatalisme aigri.

Il ne voit pas bien les choses.

Et encore moins dans ce nuage de fumée, dans cet « étang alcoolisé » qu’il a ingurgité au cours de la soirée ; et où il s’y noie. Du moins les membres inférieurs ; les autres (ceux du haut) sont occupés à donner ripaille à ses imperfections de l’esprit. Desquelles d’ailleurs ? Desquelles parle t’on ? De quoi au juste ?

S’agissant d’un repas entre adultes raisonnés, matures, responsables, « immergés dans la vie » (ou la tête sous le flot du haut) l’auteur devrait plutôt nous parler du menu !

Plutôt que de se plaire, lignes après lignes, de ne pouvoir nous livrer incohérences et distorsions incompréhensibles, à perdre tout éventuel lecteur à la seconde…

Ce texte n’est qu’un puzzle, le désir avoué, si irrésistible, d’y loger une prose à chaque souffrance (telle une effigie posthume ?). Laquelle est-elle dans ce cas ? Que ce jeu de puzzle se termine et que nous puissions tous reprendre nos places habituelles !

Moment de folie…

« Cessez votre gentillesse ! Elle me tue ! Me plonge dans des affreux délires paranoïaques ! Pourquoi ! Pourquoi me relancer dans cette sphère si dévastatrice sous prétexte de m’en délivrer ! Vous m’y enfermez ! Je ne veux plus de cette gentillesse ; de vos actes par compassion ! Et de ça et de vos « laissez-aller » pour un/votre laissé pour compte ! »

[…]


Nabil se sent mal. D’avoir trop bu, fumé, feinté d’être bien pendant toute cette foutue soirée.

Sa désespérance le rattrape. Au cours de cette soirée telle un rituel entre amis de « bonne situation » ; chacun marié (ou presque) ; chacun avec des enfants (ou presque) ; chacun portant l’espoir d’être un jour « tout ça ».

Il se dirige vers cette verrière, hagard, titubant, avec des relans de la dernière Vodka/Tagada.

Il veut s’éloigner de tout ça. De ce qu’il rejette tant (cette consensualité, ces apparences, ce bien-être affiché) mais qu’il côtoie.

Il fut de ceux là. Du moins avant demain.

Pour lui le regard flou sur cet horizon au travers de la vitre crasseuse, cela ne lui appartient plus.

Il va s’en libérer. Au moins une fois, essayer.

Au moins une fois au creux de la commissure droite ses lèvres se réhaussent ; pour esquisser un air béat, enjoleur.

Un bras se pose sur son épaule et l’invite à se tourner ; son interlocutrice : une femme. Cette femme. Apprêtée, « consensuelle », ouverte, gentille, attentionnée, certainement la femme de notre convive ; celui chez qui ce soir nous nous sommes (vu) invités.

La « femme » est au centre de ses pensées les plus inabouties et divagantes du moment.

Il voit le monde comme ce grand tout de séduction, de faux semblant, de légèreté, émanent de la féminité, que l’on veut comme pour cacher cette évidence - au-delà du barbarisme masculin (capitalisme ? libéralisme ?) - constituant majoritaire de notre ère moderne.

Alors Nabil ne sait pas s’il en veut du café à la fin de son repas ; il s’en contrefout !

Demain il plaque tout ! Il s’exclura de tout. Parce qu’exclu au fond de lui de tous ces/ses autres, il le crie.

Il fond en larmes. Demain il aura tout oublié… pas même déçu (péter une pile ça arrive !) ni surpris ses proches le ramèneront à la raison et l’empliront de cette « compassion individuelle » (pour ne pas trop dévaloriser son ego ? S’en sentir flatté ?) ; pour le maintenir dans le « moule » ; qui craquelle tant, pour Nabil, son convive, sa femme, ses enfants, ses chiens, ses chats, son gazon, ses haies, sa bagnole, sa route départementale, son carrefour, son feu, son badge, son bureau, son patron, ses employés, …

Un jour Nabil gagnera au Loto, ou s’en persuadera. Lui aussi. Comme les autres. Sa femme, son travail, sa collection de dés, qu’importe ! Où peut être pas…


Nabil a pris un café. Et d’ailleurs il ne sait plus trop pourquoi. Au lieu de rentrer chez lui comme tous les autres, il a dormi « sur place » après s’être emporté.


12h15. Pause déjeuner. Il se demande ce qu’il fout là. Au travail.

Encore… Et il rêve… encore. De cet idéal jamais atteint qui le portera à « acter » et « senser » sa vie comme il le désire au plus profond de soi.

Qu’il puisse se donner, entier, véritable, envahissant, excessif ; de tous ses/ces travers ; pour un seul regard. Pour ce seul regard qu’il donnerait lui-même ; celui de n’être que ça et de pouvoir le partager.

Aujourd’hui il partagera son dessert contre du brie.

Au sein de cette cantine industrielle, la réalité le rattrape ; une fois de plus.

Mais où est donc cette pièce manquante !

07 février 2007

"Parce qu’étriqué du crâne, parce que la sève de nos élans ne s’évalue à presque rien…"

Divagations sur canapé – Le 7 Février 2007

Et nous voici en ce début d’année à se voir défiler sous nos yeux le même schéma. Ce même schéma que vous ne voudriez pas si perpétuel et immuable. De nouveau coinçé, acculé, sans porte de sortie. Porté par ce besoin d’écrire ; de lâcher toute cette torture ; de se faire l’allié d’une confession pour se soulager. Une fois de plus vous vous voulez constituer un journal intime et vous affranchir de ces pensées trop pesantes pour un seul homme. Ce fardeau de vouloir s’accomplir par delà et deçà ses ressentis.

Une « nouvelle » vie devrait pourtant s’offrir à vous puisqu’en possession d’un diplôme pour l’exercice d’une profession à compétences (a priori). Une stabilité professionnelle tant de fois décriée et rejetée pour s’absoudre d’autres maux. Seulement cette obligation se doit à cet instant précis de vous soulager d’une autre instabilité ; de ce qui peut vous lier à l’autre et de ce qui peut occasionner tant de méfiances, souffrances, rancoeurs…

Et joie ! Vous l’oubliez trop souvent ce mot. Et pour autant non-assisté, non-égoïste et mégalo. Pourquoi ce besoin, cette envie, de n’être tout que pour une personne ; et de ne vouloir que tout passe à son travers ? Sans pour autant lui en demander l’écho direct et identique ! Seulement ces marques d’affection, d’intérêt et de sincérité qui vous font exister sans vous poser (trop) de questions. Bouffantes sont alors ces remises en questions ; pour vous de tout avoir fait dans un sens et de n’en récolter que des fruits amers ; de n’être plus qu’un ennemi puis un confident de ces paroles et actes exacerbés à votre égard.

Sans tutelle (par choix), vous vous faites le tuteur (par choix ?) ; comme pour vous alléger de ce poids de la « non-acceptation » de soi ? Comme pour flatter son égo et donner un sens à vos élucubrations mentales ? Ou bien vous ne pouvez vous épanouir que de part cette complexité et cette torture quasi-permanentes et obsessionnelles ? Vous absorbez tout pour Elle ; vous pourriez vous sentir le « Roi du Monde », faire tomber tant de barreaux et d’indécisions ; vous mettre à vivre tout simplement ! Alors pourquoi ne pas le faire pour soi avant de le vouloir pour l’autre ? Vous n’êtes tout de même pas si peu aimant et si peu confiant en vous pour vous le permettre ? Vous l’êtes trop dans ce cas ? Vous débordez d’amour pour votre égo que vous avez besoin d’en inonder une tierce personne ? Et pourquoi une seule personne ? Pourquoi se limiter à une personne ? Cela vous demande beaucoup trop de force, d’abnégation, d’énergie ? Pourquoi faites-vous cela dans la demi-mesure ou dans l’excès ? Vous sentez qu’au fil du temps et de vos expériences vous vous affirmez. Vous vous dites que tout cela n’est qu’une histoire de réglages ! Que vous passerez outre tous vos « blocages » ; que vous en accepterez enfin les règles du jeu ; de ce moi trop « bouffant », trop « étriqué », « torturé » mais qui vous caractérise comme chacun de vos semblables ! Vous en êtes déjà conscient ! C’est pourquoi vous vous tournez vers l’autre ! Vous ne vous apportez plus rien seul. Vous le savez. Ce que vous ne comprenez pas ce sont les réticences de votre partenaire quand vous vous tournez vers lui. L’angoisse, la peur, le doute. Vous générez tout cela en l’autre ? Vous êtes si « trop » ? Ou lui pas assez ? Vous débordez de confiance en vous à ce point ? Ou de confiance à l’autre ? Ou cet autre est en pénurie de ce qui pourrait être votre excès ? Par votre excès en voie de conséquence vous n’induisez que cette disette ? Vous ne pouvez induire que cela ? Comment se fait-il qu’une fois tout le bien et le mal pesés au fait de construire ce « nous » - d’exister pour deux - vous vous confrontez à un mur d’incompréhension, de refus ?

Vous avez du vous en apercevoir (une fois de plus !) ; tout ceci n’est qu’un ramassis de questionnements sans la moindre réponse. Une sorte de déballage de formes « réthoriques » sans contenu.

15h24. Comment se fait-il que tout cela soit si confus ? Que ces « divagations sur canapé » n’aboutissent à rien mais vous fassent le plus grand des biens ! Vous l’écriviez d’ailleurs auparavant : cherchez à « acter » plutôt qu’à vous perdre dans vos constrictions mentales ; elles ne vous mènent à rien et vous précipitez vos chères personnes avec vous ; dans ce grand « tout » si dévastateur, destructeur.

En somme le trou noir de vos nébuleuses ; absorbant passions et déconvenues et vous satisfaisant de vos vues fantasques et de la « non-réalisation » de ces portées imaginaires. Vous aimez souffrir ! Et faire souffrir l’autre par ce biais. Pas par choix délibéré ; pas par préméditation tel un criminel averti et jouisseur de tels actes.
Par l’accomplissement de vos ressentis à l’instant venu ! Vous vous échappez dans vos dialogues de sourds à cette réalité ; et « non-suivi » (le terre à terre vous ennuie !) dans votre démarche vous en écartez l’autre de votre « supra-intelligence » à tenir des propos inintelligibles (tel du chinois !) mais en prenant soin d’y mettre une pincée de lucidité et de vérité dérangeantes pour l’autre.
Comme pour le guider, l’aider ! Puis vous en faire l’épaule salvatrice, le confident ! Vous n’êtes qu’un ramassis de médiocrité ! Mais peu importe ! C’est cet « humanisme pendant » que vous recherchez ! En vous, en l’autre ! Et vous en jouissez. Vous êtes un grand malade. De par votre ambivalence ambiante, morose, salvatrice et contagieuse. Vous vous épanouissez par ce biais. Et pourquoi devrions nous nous en formaliser ? De toutes les manières qui soient ou qui fussent nous ne nous en rendons pas même compte !

Vous êtes ailleurs ; dans l’observation, l’analyse, l’interprétation ; et parfois dans l’énonciation… Chimérique ! Êtes vous dans le flou ? Dans la vérité la plus absolue ? Et quand bien même ! Beaucoup de vos « ancêtres » se sont par ailleurs déjà posé cette/ces question(s) ; qu’en a-t-on retenu ? Vous pourriez tout autant vous permettre de partager tout cela, de vous lancer dans l’écriture, ou dans toute autre forme « artistique » comme pour vous révéler ; vous trouver une scène plus large pour vos exactions ; vous « étendre » au-delà de vos commissures et des conduits auditifs, sensoriels de votre partenaire unique, irrévocable, amnistiable .

Trouver votre public quoi !

Que cela passe par une notoriété plus ou moins avouée, révélée ; juste ou non. Vous sentir alors utile d’avoir contribué de votre pierre à cette construction ou déconstruction de l’édifice (humain). Mais quel est-il par ailleurs ? Pourquoi ne pas se sentir comblé de ne posséder et pouvoir vous adonner (par cycle) à cet exercice de malléabilité auprès de personnes (faibles me direz vous ! mais tout autant que vous !) qui jalonnent votre chemin de vie (de croix ?) ?

Je ne crois pas à tout cela ; vous délirez ; au fond vous êtes un « type bien » ; vous le savez ; vous ne pouvez accepter les déceptions auxquelles vous faites face sans y trouver une explication rationnelle, implacable, immuable ; sans vouloir accepter qu’on ne peut tout comprendre, tout contrôler, tout raisonner ; qu’il y a sur cette terre ce « coefficient d’incertitude » ; qu’il n’y pas de « lois probabilistiques » qui pourraient vous aider à cette compréhension du non compréhensible car « non-intelligible » car de l’ordre du ressenti.

Seulement lorsque qu’une « chose » vous échappe et qui vous tient plus qu’à cœur (et ça vous ne l’expliquez pas non plus !) vous vous mettez dans un autre « vous » qui vous échappe tout autant ; et à ce jeu perpétuel, cyclique vous ne gagnerez jamais.

Seule la mort vous en libérera.

Mais cette dernière fera peut être l’objet d’une autre « divagation sur canapé »

Après tout « homme bon à qui mal arrive » vous croyez en une réversibilité du processus.