Nabil en vacances
Bordel ambiant... Comment faire ? Comment faire pour s'en défaire ?
Nabil. Ce jeu de piste... Mémoire courte car offensée ; les signes n'ont plus d'intérêt.
Rattaché aux instants du passé plus qu'aux personnes ?
Mange donc ton sandwich et n'en laisse pas une miette. Après tout qu'importe cette pluralité ; cette progression par éparpillement.
Sous tant d'effort la machine chancèle...
[...]
Dehors il y avait du soleil, un grand et beau soleil. Invincible. Invisible. On n'y fait guère attention de coutume, ou dès lors pointant son nez suite à ces jours pluvieux, gris ; comme pour nous rappeler à lui.
Le feuillage, jaunissant - assurant son entre-saison -, s'inclinait paisiblement vers la fenêtre à peine entrouverte.
« De cette fenêtre nous parvenait un écho qui en ces lieux paraissait irréel... »
Quête de priorité, en recherche ; chemin faisant. L'ennui le berce. Entre clopes, cafés, sandwich Daunat, servilités et nuits blanches. Le vent souffle, la tempête fait rage.
A ces longues heures perdues sur sa chaise longue ; à attendre. A distendre. A se méprendre. Dans l'expectative d'une ambition toute personnelle et révélatrice.
En projection : sable chaud, soleil au zénith et qui sait des palourdes. C'est vachement rare des palourdes. Et cette jeune femme dans son sémillant maillot de bain, vue plongeante sur ses attributs mammaires.
Ses amis. Jeux de plage. Vague à l'âme. A fixer cet horizon les pieds dans le sable. Face à la mer. A cet horizon sans fin, à son avenir sans avenir. Même avec elle. Même sans elle. A s'en être écorché les pognes, cette balnéo ne suffit pas. Ce retour à l'essentiel, au farniente, au matage de cul, à la baise sans nom. À tous nos instincts réveillés, exprimés, latents durant ces 47semaines de dur labeur. Et des cinq dernières : RIEN. Elles nous vident ; de toutes nos espérances qui se gonflent au cours de l'année. Et le cirque reprend. L'horizon est derrière lui ; d'ailleurs peu importe où il se trouve ; ils sont sur le chemin du retour. Du sable dans les orteils, oreilles, caleçons et bas de caisse. Dans quelques jours plus aucune trace de cette échappée foirée.
Agitez-vous !
[...]
Retour à domicile.
L'automne pointe son nez ; et l'audacieuse luminosité céleste s'évertue en ses derniers éclats.
ELLE ne jette pas les armes. Et pourtant bientôt tout sera sombre ; dans l'ombre, dans un dernier soupir,
Nabil écrira niaiseries sur niaiseries :
« Eté 200x, bercé par le souffle gris des alizés de Marennes ; l'âme en peine
Désirs rongés, autrefois Vizir, cette nuit simple écuyer
(Dis moi que tu m'aimes)
Gorge nouée, mots saccadés, libère moi de ces affres désordonnés
(Dis moi que tu m'aimes)
Accomode moi de douce quiétude ; sans mot dire
Tumultes et remous, écarte les – ô ma Reine
Cascades de volupté, de ces bains foisonnants d'arrogance et de cynisme,
Epargne m'en
(Dis moi que tu m'aimes)
Accorde ma présence près de ton isthme
De ces valeurs communes et funestes
Fuyons les comme la peste
Laisse nous ; laisse nous cette chance
(Dis moi que tu m'aimes)
Sur ce bout de terre y construire
Futur plus beau et royaume (même irréel !) de nos châteaux de sable
(Dis moi que tu m'aimes)
Fulgurance, mille folies et fantaisies fleuriront
Et pour cela y couleront autant de larmes et de sueurs
Pour que s'y adjoignent à nos milles collines et versants de ce royaume notre amour
Mon âme souffre et n'ose pas ; te dire qu'elle t'aime ma Reine
A m'en briser les tympans ! »
La poitrine en deuil, l'âme esseulée, les courants d'air auront bientôt la froideur de cet être.
En complète autarcie. Vivant de lui même par et pour lui même. Dans l'attente de cette jeune femme de noir vêtue. Le moteur de chaque existence ; dès lors que l'on en prend conscience.
Il se plaisait à se l'imaginer ; après l'avoir tant redoutée, il s'était dit qu'il l'accueillerait à bras ouverts ; le sourire en coin. Sa morbidité l''avait écarté de tout sens réel.
N'ayant plus goût pour rien il s'en fixa. Il se plongea. D'abord dans cette énorme tâche qu'est celle de ne rien faire. Avec l'engagement qu'on lui connait. On l'avait fait Homme et tentait d'en comprendre les éléments de sa constitution (déficiente ?) ; dont il se tenait pour assez éloigné – selon lui.
De son éloquence à ne rien faire et à son engagement dans cette activité des plus prenante, usante, débordante, exclusive – depuis quelques années déjà - il se fit l'écho d'un lecteur acharné.
Jonchage vaniteux de livres de poche glanés au fil de brocantes d'automne, d'hiver ; et de ces autres saisons. Au nombre égal de ces sorties à l'année sur le monde extérieur.
Quelques âmes égarées s'étaient aventurées à partager la contemplation de ce spectacle. Elles s'y laissaient surprendre par ce minimalisme.
Un lit, une table d'appoint (depuis peu) ; placés en deux coins opposés de la pièce laissant une place de choix à cette étagère (vide) plaquée sur le mur face à la fenêtre . Son linge et autres commodités de la vie quotidienne se laissaient choire à même le sol, comme tout le reste. Le personnage, ses affaires personnelles. L'étagère prenait place « au cas où » ; « au cas où » d'une envie subite et désordonnée d'ordre.
Le fatras incommensurable qui régnait dans ce studio à demi-éclairé contrastait avec l'allure du bientôt trentenaire résidant dans ces lieux.
Propre, rasé de près, avenant et toujours souriant. Pour le peu de gens qu'il croisait, il mesurait chaque effort de bienséance. Pour les autres tout autant que pour lui. Se souhaitant une bonne journée au matin ; une bonne nuit au soir. Etrange personnage. Icônoclasque ?
Mué par des habitudes bien réglées et rassurantes, l'air saturé de la pièce -- pour peu qu'il en restait encore de respirable - s'échappait mollement de par notre fenêtre entrouverte. Il se sentait bien lui aussi dans ces lieux.
Bien loin d'une « valse aux adieux » et toutes ces fables sur l'Homme ; Jouvence prenait forme.
Aquarelliste sans talent ; photographe miteux et tout autant de médiocrité dans ses écrits. (en marge sur les bouquins qu'il dévorait) ; il s'interrogeait sur ses rancoeurs inassouvies, de ses soulagements par la caricature, des ponts techniques narratifs ; de ce jeu de découpage et de ciselage de mots et d'expressions ; de ses courtes nouvelles par association d'idées sans cohérence ni progression.
De la soupe. D'ailleurs l'écriture ne l'intéressait pas vraiment ; seule la tromperie comptait.
« Automate moelleux fourni par la nature » pour recevoir des coups de pied de ce cercle d'initiés, d'avertis reconvertis en critiques littéraires. Ses bouquins se vendaient bien. Et il ne l'expliquait même pas. De cette rupture et déchirure de ses congénères il en obtenait tout le contraire de ses derniers.
[...]
Par une nuit calme, sur les rebords d'un pont, les remous de l'eau, ses clapotis à son oreille ; à contempler ce vide entre lui, le parapet et cette eau ; de son amont poussait son aval. Foutu fleuve. Pour l'avoir contempler des nuits durant de sa fenêtre, Nabil s'y était aventuré. Comme pour contenir certaines pulsions.Ses yeux se ferment, la fatigue le laisse divaguer.
Mise en situation. Jet stylistique...
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